2. La République de Turquie
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"Faire vivre la république est notre devoir le plus sacré" (Kemal Atatürk)
affiche de la municipalité AKP d'Istanbul sur le Pont de Galata, décembre
2006.

Photo Jean Marcou

La proclamation de la République de Turquie le 29 octobre 1923 a entraîné la disparition définitive de l'Empire Ottoman après l'abolition du Sultanat en novembre 1922. Consacrée dès juillet 1923 par le Traité de Lausanne, l'existence de cette République a été la conséquence directe de la victoire des nationalistes de Mustafa Kemal dans la guerre d'indépendance qui les opposait aux Alliés et aux Grecs. Il n'est donc pas étonnant que le concept de République renvoie essentiellement en Turquie à l'État-Nation réformiste fondé par Mustafa Kemal, ce qu'illustre fort bien d'ailleurs la lecture des trois premiers articles de la Constitution turque actuelle.

Cette République se caractérise en premier lieu par un territoire inédit, esquissé par les nationalistes, dès 1919, au congrès d'Erzurum, lors de la première rédaction du Pacte National(Milli Misak), par lequel ils revendiquaient les régions d'Anatolie et de Roumélie majoritairement peuplées de musulmans. La cohésion de ce nouveau territoire national fut accrue par les échanges de populations prévus par le Traité de Lausanne qui entraînèrent le départ des Grecs d'Asie Mineure, cette reconstruction territoriale étant parachevée par le choix d'Ankara comme capitale.
Il n'est donc pas étonnant, en second lieu, que la République évoque en Turquie l'indivisibilité de l'État et de la Nation. Si, de par le Traité de Lausanne, les Arméniens, les Grecs et les Juifs ont obtenu un statut de minorité dans cette république unitaire, les Kurdes, en revanche, tout en bénéficiant d'une citoyenneté turque pleine et entière, ont vu leur identité et leur différence totalement ignorées jusqu'aux récentes réformes réalisées pour permettre l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Union européenne.

En troisième lieu, si la République en Turquie est volontiers associée aux réformes de modernisation et de laïcisation (nouvel alphabet, unification de l'enseignement, émancipation des femmes, interdiction des confréries, instauration du mariage civil) réalisées dans l'Entre-deux-guerres par Atatürk, elle l'est beaucoup moins aux idées de démocratie et d'État de droit qui se sont affirmées bien après le décès du fondateur de la Turquie moderne.
Sur le plan symbolique, en dernier lieu, on observe que la référence à la République représentée généralement sur les documents et les bâtiments officiels par l'abréviation T.C. (Türkiye Cumhuriyeti, République de Turquie) est le plus souvent associée au drapeau, à la carte du territoire turc et surtout à l'effigie de Mustafa Kemal. Dans un contexte de poussée islamiste, les célébrations des 75ème et 80ème anniversaires de la République ont donné lieu à de nombreuses cérémonies et manifestations officielles et à un regain d'iconographie et de célébration républicaines kémalistes.

Jean Marcou
Novembre 2006

 


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