Turquie et présidentielles françaises
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La Turquie et les élections présidentielles françaises de 2007

 

À n’en pas douter, la Turquie sera au cœur de la campagne des présidentielles françaises de 2007. Il est vrai que, depuis le référendum sur la Constitution européenne, la candidature turque à l’Europe est devenue un sujet récurrent du débat politique français. Pour l’heure, on a remarqué que, lors des primaires socialistes, le sujet a divisé les trois prétendants à l’investiture et que, dès l’annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy a ouvertement déclaré vouloir en faire un thème majeur de la campagne électorale. Plus généralement, on observe que la « question turque » figure désormais dans la plupart des enquêtes d’opinions ou des études comparatives réalisées sur les candidats déclarés ou potentiels, au même titre que l’immigration, l’insécurité, les 35 heures ou la défense de l’environnement.

C’est la raison pour laquelle l’OVIPOT s’est lancé dans un suivi quotidien de la question et vous propose une première chronologie appelée bien sûr à être régulièrement mise à jour dans les semaines à venir.


29 octobre 2006 : Lors d’une interview de M. Encaoua, Dominique Strauss-Kahn soutient la candidature turque à l’Union Européenne, par un plaidoyer très stratégique et très euro-méditerranéen :

« Ce dont je suis sûr, c’est que si l’Europe existe, elle ne sera pas enfermée entre deux frontières ridicules que seraient le détroit de Gibraltar et le Bosphore. J’imagine un enseignant de géographie dans cinquante ans, il dira à ses jeunes élèves : « Voyez, là il y a la Chine, là il y a l’Amérique, là il y a le Brésil », s’il leur dit « là il y a l’Europe », montrant ce bout de péninsule asiatique que l’on appelle l’Europe, il leur montrera un ensemble allant des glaces de l’Arctique au nord jusqu’aux sables du Sahara au sud. Et cette Europe, si elle continue d’exister, aura, je crois, reconstitué la Méditerranée comme mer intérieure, et aura reconquis l’espace que les Romains, ou Napoléon plus récemment, ont tenté de constituer. En d’autres termes, nous avons là un ensemble qui est le berceau de notre civilisation et nous avons la coresponsabilité de cet ensemble. De deux choses l’une. Ou bien nous sommes capables de construire cet ensemble, et à ce moment-là une Union euroméditerranéenne peut équilibrer la puissance chinoise, la puissance indienne, la puissance, nord-américaine, ou bien ça ne sera pas le cas, et là je pense que nous aurons échoué. Un jour lors d’un débat un député de l’UMP me disait : « Vous n’imaginez tout de même pas que si la Turquie rentre dans l’Union nous ayons une frontière commune avec l’Irak. » Je me rappelle lui avoir répondu : « Nous aurons de toute façon une frontière commune avec l’Irak. » La question est de savoir si elle est à l’est ou à l’ouest de la Turquie. Si la Turquie n’est pas dans l’Union, alors la Turquie sera absorbée par une autre zone d’influence centrée sur l’Irak ou sur l’Iran. Nous avons intérêt à ce que la Turquie soit de notre côté. Bien entendu, dans une telle hypothèse, l’organisation de l’Union ne pourra pas être homogène, c’est-à-dire la simple homothétie de ce qui a existé dans le passé. Il faudra définir des niveaux d’intégration différents et, pour moi, la zone euro a vocation à être l’ensemble le plus intégré. »

 

 

7 novembre 2006 : Lors de l’ultime débat qui les oppose avant l’élection primaire du 16 novembre 2006, les 3 candidats socialistes expriment des positions différentes :

·       Dominique Strauss-Kahn confirme son soutien à la candidature turque : « Il faut y arriver, pourquoi ? Parce que si la Turquie n'est pas liée à l’Europe elle basculera de l'autre côté, et nous aurons exactement à nos portes, un pays qui sera très fortement connecté et à l’Irak et à l’Iran. »

·       Laurent Fabius lui se prononce pour le partenariat privilégié : « Mais l'Europe que décrit Dominique Strauss-Kahn, c'est une Europe à 50 pays et je dis très clairement qu'avec une Europe à 50 pays, il n'y a aucune intégration politique possible, donc on donne le sentiment d'en faire mieux, mais on va vers la conception d'une Europe du libre échange. »

·       Ségolène Royal s’en remet à la volonté des Français : « Si dans 10 ou 15 ans, toutes les conditions sont remplies à ce moment là, la parole d'un chef d'Etat dans la continuité des engagements internationaux qui ont été pris sera d'expliquer au peuple francais dès lors que les conditions sont remplies, la position du chef de l'Etat sera pour l'adhésion, mais le peuple pourra très bien décider autrement. »

 

 

29 novembre 2006 : Alors qu’il vient de déclarer sa candidature, Nicolas Sarkozy lance une première attaque contre Ségolène Royal : «Sur le bureau du président de la République, il y aura le dossier iranien. Il y aura la question de la sécurité de l'Etat d’Israël qui n'est pas négociable. Celle de la patrie, pour les palestiniens. Il y aura la question du Darfour où se prépare un véritable génocide. Il y aura la question de la relance du processus européen. Est-ce que vous pensez vraiment qu'un président de la République peut se contenter de dire au français : je vous écoute, qu'est ce que l'on fait ? ». En réalité, bien qu’elle ne soit pas expressément citée, cette ultime question fait allusion à la position de Ségolène Royal sur la candidature turque, lors du dernier débat des candidats socialistes avant les primaires, où elle avait déclaré s’en remettre à la position du peuple français.

 

30 novembre 2006 : Réagissant à la crise qui oppose l’Union Européenne à la Turquie à l’occasion de l’application du protocole d’Ankara et de l’ouverture des aéroports et des ports turcs à Chypre, Nicolas Sarkozy demande la « suspension » de l’ensemble des négociations d’adhésion entre l'Union européenne et la Turquie en ces termes :  « La Turquie n'applique pas le protocole d'Ankara. Elle n'accepte pas que des avions venant de Chypre se posent sur ses aéroports ou que des bateaux venant de Chypre entrent dans ses ports. Chypre est un des 25 Etats de l'Union européenne. Comment peut-on discuter de l'adhésion éventuelle d'un pays qui ne reconnaît pas l'Europe des 25, et qui décide unilatéralement que l'Europe, ce n'est pas 25 pays, c'est 24. Ce n'est pas négociable et pas acceptable".

Puis le candidat UMP en profite pour rappeler en des termes très explicites son opposition à la candidature turque : « La place de la Turquie n'est pas à l'intérieur de l'Union européenne. Faisons avec elle un marché commun économique, mais n'intégrons pas la Turquie. L'Europe, c'est fait pour les Etats européens", a souligné le ministre français de l'Intérieur. »

Cette prise de position est à nouveau l’occasion d’une mise en cause de la position de son adversaire socialiste, Ségolène Royal : « J'aimerais que sur ce sujet comme sur d'autres, Mme Royal nous dise ce qu'elle pense, car je suis persuadé qu'elle pense quelque chose. »

 

14 décembre 2006 : Lors d’un sommet du Parti Populaire Européen (PPE) à Meise près de Bruxelles, Nicolas Sarkozy commente le gel d’une partie des négociations d’adhésion de la Turquie et déclarant que s’il était élu, « il aurait une obligation à l’égard du peuple français », il incite ses homologues européens à penser au partenariat privilégié. Ces derniers n’approuvent pourtant pas tous cette position, notamment le premier ministre grec, Costas Caramanlis, pour qui « une Turquie orientée vers l’Europe serait bénéfique pour tout le monde ». En sortant de ce sommet, le futur candidat de l’UMP ramène à nouveau ce sujet sensible sur le terrain de la campagne des présidentielles : « J'ai regretté que le Parti socialiste européen appelle à l'adhésion de la Turquie. Ce sera l'un des débats qu'il y aura en France. Les socialistes sont pour l'adhésion de la Turquie, moi pas. Parler de l'adhésion de la Turquie alors même que la famille européenne n'est pas encore réunifiée, cela n'a pas beaucoup de sens. »

 

14 décembre 2006 : Répondant à Nicolas Sarkozy, lors d’un rapide passage à Bruxelles pour rencontrer José Manuel Barroso, le Président de la Commission européenne, Ségolène Royal déclare : « Je crois que toute déclaration brutale, comme celle que l'on a entendue rejetant la Turquie, aurait des effets désastreux. Je crois qu'il faut regarder avec réalité la préoccupation qui consiste à dire : "à un moment, il faut que les frontières de l'Europe soient stables", mais que des partenariats soient noués avec des pays qui ont envie de partager nos valeurs et auxquels nous devons tendre la main »

 

vendredi 15 décembre 2006 : A l'issue du Conseil européen ayant conduit au gel partiel des négociations d’adhésion, Jacques Chirac a précisé : « J'ai toujours dit et j'ai toujours su que l'entrée de la Turquie était difficile, que c'était un grand pari et qu'elle était nécessaire à la stabilité et au développement de l'ensemble de cette région. » « Nous souhaitons, a-t-il ajouté, que les négociations se poursuivent jusqu'à aboutir à un résultat positif. »

 

 

dimanche 14 janvier 2007 : « Je demeurerai toute ma vie un européen convaincu. Mais je veux avoir la liberté de dire que l’Europe doit se doter de frontières, que tous les pays du monde n'ont pas vocation à intégrer l'Europe, à commencer par la Turquie », a déclarer Nicolas Sarkozy, lors de son discours d’investiture l’UMP. « A s'élargir sans limite on prend le risque de détruire l'union politique européenne, je ne l'accepterai pas », a-t-il ajouté sous les applaudissements de quelque 70 000 militants. « Je veux être le Président d'une France qui proposera d'unir la Méditerranée comme elle a proposé jadis d'unir l'Europe, et qui inscrira dans la perspective de cette unité les relations de l'Europe et de la Turquie, ses liens avec le monde arabe, la recherche d'une issue au conflit israélo-palestinien, mais aussi l'immigration choisie, le co-développement, la maîtrise du libre-échange et la défense de la diversité culturelle. »

 

 

16 janvier 2007 : Robert Wexler, président de la sous-commission chargée de l'Europe au Congrès des États-Unis, interviewé par Le Monde, commente l’opposition de Nicolas Sarkozy à l’éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union Européenne : « Je ne suis absolument pas d'accord avec lui. Sa conclusion semble un peu malhonnête intellectuellement. L'Union a fixé des critères d'adhésion, et a invité la Turquie à ouvrir des négociations. Quand M. Sarkozy dit que même si la Turquie remplit tous les standards, elle ne pourra pas rentrer, c'est une position inacceptable. Ce sont des propos de campagne qui ne sont pas constructifs. En Allemagne, Mme Merkel a dit qu'elle respectait le processus, même si elle n'est pas en faveur de l'adhésion. »

 

28 janvier 2006 : Dans une interview pour le quotidien «Hürriyet » réalisée par la journaliste Defne Barak, à nouveau, Ségolène Royal ne prend pas clairement position sur la candidature turque. Déclarant qu’elle n’a pas d’objection de principe à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, elle explique néanmoins qu’une Europe à 27 doit d’abord songer à se consolider avant de regarder au-delà de ses frontières.

 

 

7 février 2007 : En déplacement à Toulon, Nicolas Sarkozy s’est adressé aux électeurs du Front national. Il a évoqué son projet d’Europe méditerranéenne, présenté entre autre comme une alternative à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne : « Cette Union Méditerranéenne aura vocation à travailler étroitement avec l’Union Européenne. Elle aura vocation un jour à avoir avec elle des institutions communes parce que la Méditerranée et l’Europe auront pris conscience que leurs destins sont liés. C’est dans la perspective de cette Union Méditerranéenne qu’il nous faut envisager les relations de l’Europe et de la Turquie. Car l’Europe ne peut pas s’étendre indéfiniment. L’Europe si elle veut avoir une identité doit avoir des frontières et donc des limites. L’Europe si elle veut avoir une puissance ne peut pas se diluer sans cesse. L’Europe si elle veut pouvoir fonctionner ne peut pas s’élargir sans arrêt. La Turquie n’a pas sa place dans l’Union Européenne parce qu’elle n’est pas un pays européen. Mais la Turquie est un grand pays méditerranéen avec lequel l’Europe méditerranéenne peut faire avancer l’unité de la Méditerranée. C’est la grande ambition commune que je veux proposer à la Turquie. »

 

 

7 février 2007 : Mobilisation des riverains du QG de Nicolas Sarkozy contre l’augmentation des contrôles policiers dans la « Petite Turquie », rue d'Enghien.

 

15 mars 2007 :

Lors de l’émission télévisée « A vous de juger », sur France 2 . Estimant que « ce serait une erreur de rejeter la Turquie parce que c’est la Turquie », Ségolène Royal a déclaré : "Nous avons intérêt à arrimer aux valeurs humanistes de l'Europe le plus grand nombre de pays et la Turquie est un grand  pays laïque, je le rappelle". Toutefois, elle a aussi précisé: "Je pense que la Turquie ne remplit pas les conditions aujourd'hui et qu'il faut une pause (dans l'élargissement) pour que l'Europe déjà fonctionne bien."

 

27 mars 2007 : Dans « Maintenant » (un ouvrage présenté sous forme d’entretiens avec Marie-Françoise Colombani, l’éditorialiste du magazine féminin « Elle ») qu’elle vient de publier chez Hachette et dont « Le Monde » et « Associated Press » ont fait état des « bonnes feuilles », Ségolène Royal confirme les propos tenus lors de l’émission « À vous de juger » du 15 mars et se déclare en principe favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. Rejetant l’argument géographique (« l'Europe n'est pas un territoire mais un projet politique ») et l’argument religieux (« un pays dont la majorité de la population est musulmane a parfaitement sa place dans une Europe qui n'est pas un club de nations chrétiennes et compte depuis des siècles, dans les pays de l'Est et des Balkans qui l'ont rejointe, des millions de musulmans pleinement européens »), la candidate socialiste met en valeur l’intérêt géostratégique que revêt la candidature turque pour l’Europe. Certes, la Turquie devra satisfaire aux critères d’adhésion mais la candidate aux présidentielles pense que cette exigence peut aider ce pays et ses citoyens dans leur marche vers la démocratie et l’État de droit. « Beaucoup de solides raisons militent donc pour accueillir dans l'Union un pays qui est membre depuis longtemps du Conseil de l'Europe, a-t-elle déclaré ».

Ségolène Royal a cependant rappelé la nécessité d’organiser, sur la question de la candidature turque, un référendum « dont le résultat dictera la position que le chef de l'Etat aura mission de défendre ». Elle a aussi estimé que l’intégration de ce pays ne pourrait intervenir dans l’immédiat, cela pour des motifs « qui ne tiennent pas à la Turquie mais à l'Europe ». L’Europe a en effet besoin d’une pause dans son élargissement pour pouvoir « faire la preuve de son utilité concrète dans la vie quotidienne de ceux qu'elle réunit déjà. » En effet, les élargissements successifs de l’Union européenne « sans consultation populaire ont été vécus comme un déni démocratique et, souvent, une dilatation angoissante : de plus en plus de pays membres mais un projet politique et social de plus en plus flou. »

 

 2 avril 2007 : Dans un entretien à « Arménie News Magazine », Ségolène Royal se déclare favorable à la pénalisation du génocide des Arméniens en précisant que ce sera « la position de son ministre des Affaires étrangères ». « Le négationnisme est une attitude, une perversion de l'esprit qui me fait personnellement horreur. Et ce, quelle que soit la circonstance, quel que soit le génocide, a-t-elle expliqué »
La candidate socialiste a aussi justifié son attitude par le soutien qu’elle apporte au vote de lois mémorielles : « Je suis favorable, a-t-elle dit encore, à ces lois dites « mémorielles » conduisant à perpétuer le souvenir auprès des jeunes générations. La liberté de la recherche historique n'est pas en cause. Si je suis élue, je m'attacherai autant à sauvegarder cette liberté de la recherche qu'à lutter contre les ravages du négationnisme ».

 

6 avril 2007: De passage à Nice, François Bayrou a déclaré que s'il avait soutenu la loi du 29 janvier 2001 par laquelle la France avait publiquement reconnu le génocide des Arméniens, il n'avait pas en revanche voté la proposition de loi adoptée en première lecture en octobre 2006 par l'Assemblée nationale. "A l'Histoire de faire son travail !" a-t-il expliqué.

 

 

 

2 mai 2007 : Lors du débat qui a opposé les deux candidats restant en lice pour le deuxième tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a réitéré son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’Europe tandis que Ségolène plaidait pour qu’on ne lui claque pas la porte au nez.
« N'utilisez pas ce sujet de manière aussi brutale, par rapport à un grand peuple, ne claquez pas la porte ainsi... C'est un pays laïque, aidons ce mouvement laïque et démocratique », a déclaré la candidate socialiste. « Méfiez-vous, parce qu’il y a des forces démocratiques aussi en mouvement en Turquie qui ont besoin d’être consolidées », a-t-elle encore lancé en mettant en garde son adversaire. « Quand vous expliquerez aux habitants de la Cappadoce qu’ils sont européens, vous n’aurez fait qu’une seule chose, vous aurez renforcé l’islamisme», a répliqué le candidat de l’UMP en affirmant que la Turquie n’était pas européenne parce qu’elle se trouvait en « Asie mineure » et qu’il n’expliquerait « pas aux écoliers français que les frontières de l’Europe sont avec l’Irak et la Syrie. »
Ségolène Royal a cependant souligné qu’il ne s’agissait pas de faire entrer la Turquie tout de suite dans l’Union européenne et que l’Europe avait besoin « d’une pause ». Elle a rappelé en outre qu’un processus de négociations avait été engagé « avec l’accord de la France » et donc que la France devait « tenir sa parole ». Pour sa part, Nicolas Sarkozy, estimant qu’aucune parole n’avait été donnée, a clairement exclu une adhésion de la Turquie : « si je suis Président de la République, je m’opposerai à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne » a-t-il dit après avoir en relancé l’idée d’une Union méditerranéenne dont la Turquie serait le cœur.


En guise de conclusion…

À l’issue de ce débat et de l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, le 6 mai 2007, nous sommes amenés à clore cette rubrique de suivi de la question turque dans la campagne présidentielle. Un regard rétrospectif sur les mois écoulés nous conduit à reconnaître que la Turquie a été moins présente dans la campagne qu’on aurait pu le penser au regard de la tournure prise par le débat politique français depuis le référendum sur le Traité constitutionnel européen. Évoquée lors des primaires socialistes puis pendant la crise chypriote de décembre 2006, la « question turque » a eu tendance à devenir un sujet secondaire dans les 3 derniers mois qui ont précédé la tenue des élections présidentielles. Cela tient sans doute au fait que l’Europe n’a pas été un véritable enjeu de cette campagne qui s’est au contraire focalisée sur la thématique de l’identité nationale et sur les débats concernant les valeurs (travail, autorité, discipline…). Pourtant, à la fin de la campagne, les déclarations très explicites faites par Nicolas Sakorzy pour réaffirmer son opposition à la candidature de la Turquie à l’Union Européenne et annoncer son intention d’agir rapidement pour que cette question soit tranchée, ont ramené « la question turque » sur le devant de la scène et permettent de penser qu’elle sera à l’ordre du jour de l’agenda des premiers mois de la nouvelle présidence.


Jean Marcou et Guillaume Marrel

15 mai 2007


 


© 2007 L. Schirmeyer